Pierre Rabhi, Du Sahara au Cévennes, itinéraire d'un homme au service de la Terre-Mère 1ère partie

Pierre Rabhi, Du Sahara au Cévennes, itinéraire d'un homme au service de la Terre-Mère


Titre :  Du Sahara aux Cévennes, itinéraire d'un homme au service de la Terre-Mère

Première édition : Éditions de Candide, 1983

Présente édition : Albin Michel, 2002

Nombre de pages : 307

Présentation de l'éditeur:

Pierre Rabhi est un homme en marche. Vers plus de solidarité, plus de fraternité. Vers ce point d'équilibre où l'humanité et le cosmos, les peuples du Nord et ceux du Sud, les sociétés qui meurent de leur gaspillage et celles qui s'éteignent dans la misère, devraient retrouver l'harmonie. Déchiré, dans son enfance algérienne, entre une origine musulmane et une éducation à l'occidentale, il fut le témoin de ces populations écartelées entre leurs traditions séculaires et la modernité. Travailleur immigré confronté au racisme et à l'absurdité de l'univers urbain, il parvint en compagnie de sa femme à exploiter une petite ferme cévenole, réalisant ainsi son rêve de retour à la terre. Fort de cette réussite, il chercha dès lors à transmettre son savoir-faire agronomique et lança en France, en Afrique noire et au Maghreb, de nombreuses initiatives visant à fertiliser les terres arides, à promouvoir une réconciliation entre les hommes et la Terre-Mère, et à inaugurer une autre éthique dans les échanges internationaux. Ce pionnier d'une révolution écologique tranquille s'adresse aussi bien aux hommes en lutte contre la désertification de leurs terres qu'à ceux qui découvrent la désertification de leur âme. 

Contenu du livre en chapitres résumés

Les passages choisis sont arbitraires. Mes commentaires sont en italiques, des lettres versées vers l'optimisme. 

Ce livre m'a beaucoup touché, et grâce à lui, j'ai beaucoup appris  tout en mesurant mes connaissances sans avoir idée du parcours qui m'attend encore. 

Alors, je partage avec vous les phrases, les idées, soulignées dans mon livre par un trait de crayon discontinu au détriment, sans doute d'autres idées et concepts essentiels. 

Peut-être que,  parfois, nous nous retrouverons dans mes choix. Et pour, celles et  ceux dont ce livre n'a plus de mystère, aux futurs lecteurs qui le liront, j'espère que le débat, ici ou ailleurs, s'ouvrira...  tel est mon souhait...

Avant-propos

Ce témoignage est pour ceux qui refusent l'aberration de la civilisation technicienne en tant que phénomène cancéreux, et désirent avec une passion tranquille contribuer à l’avènement de l'intelligence.

Première partie
Naissance à Kenadsa, oasis du Sud algérien

La transe d'Oum Koulthoum, ma mère

Ce matin-là, avec une tendresse infinie. inséparable de ma personne, ma grand-mère me réveilla. Tandis que penchée sur moi, elle me regardait, je vis qu'elle avait pleuré.  (...) Dès cet instant, je savais que ma mère était morte, tant il est vrai que nous n'avons nul besoin d'enseignements pour que surgisse en nous cette connaissance intime qui nous parvient naturellement, à travers les fibres les plus délicates et les plus profondes de notre être. (...) J'avais quatre ans. Ma mère me fut ravie et de cela je ne devais guérir que très tard, si l'on peut appeler guérir cette sorte de dissipation du regret dans le cours du temps.

J'ai vu un cheval blanc.
Il est là mon père, ma grand-mère vient de le couvrir de bénédictions avec sa voix de vieille femme tendre. Dans ma poitrine, mon cœur a bondi. Je suis fier de cet homme, démesurément fier de tout ce qu'il représente.  (...) Il reste ainsi un instant , grand, silencieux, puis se retire dans la chambre. d'où nous parvient bientôt  le chant du luth.  Le rêve de Dahiti, bientôt la guerre ?  et son père le forgeron. 

Tel un félin sur une antilope.

Il est venu, me dit  un jour mon père, que tu es maintenant assez grand pour aller à la médersa, école coranique. (...) Ma tante Fatna, (...) la première femme du village à avoir étudié le Coran. Modestie et refus du superflu de sa tante Fatna .

Au nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux

Le premier jour à l'école coranique. La main dans celle de mon père, j'ai parcouru les ruelles conduisant à l'école coranique. tout au long du chemin, mon père faisait l'éloge des gens pieux craignant le Dieu qui illumine la vie. Il m'exhortait  à bien étudier pour être de ceux-là.

Le gouffre horizontal

La longue colline de pierres et de sable qui barre le désert d'est en ouest  m'a toujours paru contenir des furies, des monstres et des djinns menaçant notre village. Les nuages ou les oiseaux le survolant détenaient seuls les secrets de ce contrefort. Et, le berger aussi (...) .

L'astre terrible

Du jardin  près de la maison, monte le chant du fellah. Un balancier se prosterne et se relève pour élever l'eau du puits. Il faut écouter l'eau dans cette chaleur qui se brise, il faut écouter le balancier dans le silence

C'est ainsi que je suis entré dans la civilisation occidentale

Elle me tenait par une main et mon père par l'autre tandis que nous marchions dans la cour de l'école. Ils échangeait des propos par dessus ma tête. de temps à autre, elle se penchait sur moi : '' Tu verras, tu seras bien ici, tu apprendras à lire et à écrire, il  y aura d'autres enfants, tu joueras bien''. 

Je savais que c'était une Roumia (femme européenne - étymologie de Roumia : les Romains qui sont synonymes d'envahisseurs) et j'avais un peu peur. Mais elle me parut gentille.

(...) J'étais loin du trou à feu de chez nous, de l'intégration charnelle au sol de terre battue, des pieds nus sur la terre sacrée.

Et voici que deux civilisations me tiennent maintenant par la main. elles aussi dialoguent contradictoirement par-dessus ma tête et, au lieu de marcher en harmonie du même pas, je les sens divergentes.


Un éclair de couteau

(Circoncision) La cérémonie qui nous vient des Hébreux allait être répétée selon le rituel du lieu : ''Enfant au prépuce, tu es n'es pas né à ton état. Tu es marqué du sceau de l'impur. enfant au prépuce, tu es inachevé.''

Cette nuit-là, j'ai partagé le rêve magique des petits Européens

(Première fête de Noël)

Le geste de Ben Ziane

(Magnifique texte sur Ben Ziane lu par sa grand-mère) Et nous apprîmes plus tard que Ben Ziane fut un chef unissant valeur chevaleresque et sagesse, force et mansuétude. Avant même que le récit soit achevé, je savais que l'index de Dieu, pourtant inimaginable , le désignait comme porteur de grandes forces occultes. Il rendit à sa tribu honneur et prospérité.

A qui suis-je traître ?

'' Lamtorni ! Lamtorni ! '' , chantait Marzouk en tapant des mains et en pivotant sur ces pieds. (...) Lamtormi, déformation de ''retourné'' , traitre à sa religion et à son peuple. C'est ainsi que les petits  ksouriens, dans leurs djellabas de laine rude, les pieds nus et poussiéreux, surnommaient le petit ksourien à culotte courte à bretelles et chemisette blanche. (Bagarre entre les deux jeunes qui se terminera par l'intervention énergique d'un adulte du nom de Sidi Abderahman) : Je savais que Sidi Abderaham n'allait pas en rester là. Nos familles allaient être avisées, et le drame ne se dissiperait définitivement qu’après le châtiment du père.

J'aime ce Roumi en toute liberté

(Chapitre consacré à des plans-séquences de vacances) : Mes nouveaux parents avaient tenu leur promesse, il m'avait longtemps répété qu'ils m'emmèneraient avec eux en vacances, m'avaient parlé de la mer, des trains et du tramway. (...) Sur le sable, ma mère blanche nous regarde, le soleil dans ses cheveux clairs. Un peu plus loin, des maisons frangent le sable. Et la femme, dans sa solitude, est reliée à nous. J'en reçois tout un bonheur magnétique. 

Une nuit de gloire

Dix ans l'âge des premiers remous de cœur. Bruit de l'eau fraîche tombant de la margelle du puits, frémissement d'oisillons au creux du nid. Elle m'avait offert, comme du bout des doigts, un biscuit aux amandes et s'était évanouie dans les plis parfumés de son vaste royaume. Elle n'est pas de ton monde, me disait la raison, tu es du dehors, retourne à ta modestie. Pourquoi Dieu ne bouleverserait-il pas l'ordre des choses, répliquait la folie afin que tu puisses t'enivrer du parfum des tresses noires et brillantes ?
( Nous aussi, lecteurs, nous nous enivrons devant de si beaux mots qui emplissent page par page ce livre lu avec gourmandise ).

Un cercle de feu

(...) Malgré cette félicité, je n'arrivais pas à me délivrer  d'une profonde anxiété. Depuis quelques jours se tramait quelque projet dans lequel j'étais impliqué. Le regard de mon père se posait sur moi avec une imperceptible compassion. (...) Pourquoi n'étais-je pas tout simplement dans le troupeau comme tout en chacun ? Avec ce petit soupçon d'anonymat dont tous les autres jouissaient ?

Rendez-vous avec le vent

Si quelqu'un m'avait demandé où j'allais lorsque j'ai quitté la cité pour me rendre à la palmeraie, je n'aurais pu lui dire la vérité sans passer pour un fou. Comment dire en effet qu'on a rendez-vous avec le vent ? (Le sacrifice du bélier) '' Ton sacrifice est nul s'il y a du ressentiment  dans ton coeur. Réconcilie-toi d'abord avec l'autre''
 
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